Les petits billets

L’art du « Dirty Talk », à vous de jouer !

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L’art du dirty talk

L’art du dirty talk. Ceci n’est pas ce que vous imaginez.

Il ne sera pas question de sexe aujourd’hui. Mais avouez qu’en voyant ce titre, vous avez eu cette irrémédiable envie de cliquer sur le lien. Vrai ou faux ?

Allez, soyez honnête pour une fois. Cela fait du bien parfois, non, de parler à cœur ouvert, de dire sincèrement et surtout spontanément ce que l’on pense ?

Si je dois l’être avec vous aujourd’hui, « parler à cœur ouvert » et surtout confronter une personne à ce qui me peine ou me met en colère, est un exercice que je maitrise très mal.

Depuis toute jeune, j’ai appris à ne pas dire ce que je pense, à garder pour moi ce qui me touche, de peur de blesser ceux que j’aime, de les perdre, de passer pour la méchante et si je pousse mon raisonnement jusqu’au bout, de finir seule.

Je n’ai jamais été contrainte à penser de cette façon et je ne saurais même pas vous dire comment tout cela a commencé. Je sais juste que, plus jeune, jusqu’à mes premières années de lycée, j’étais très mal dans ma peau. J’étais très grande pour mon âge, j’avais de l’acné, mes cheveux partaient en cacahuètes (merci l’invention du fer à lisser) et je n’avais pas confiance en moi. Enfin surtout, j’étais très mal à l’aise vis-à-vis des garçons.

Si j’étais avec mes amies ce que l’on peut qualifier d’une personne complètement folle voire dépourvue de filtre ou de toute notion de honte (je vous assure que le ridicule ne tue pas), avec les garçons, c’était une autre paire de manches. Je ne savais plus où me mettre. Je bégayais, je me sentais gauche et pas du tout à ma place. Ma meilleure amie, c’était tout le contraire. Je lui enviais sa nonchalance et son côté garçon manqué qui lui permettaient d’avoir pleins de copains (aussi bien au sens de copains copains que de petits copains). Je réfléchissais (beaucoup trop) à ce que j’allais pouvoir leur dire, de peur de ne pas être assez intéressante. J’essayais, vainement, de compenser ma taille et mon côté « première de la classe ».

Bref. Je ne sais pas si ceci explique cela mais ce qui est sûr, c’est que je n’ai jamais vraiment su dire les choses comme je les pensais. J’arrondissais toujours les angles et je tartinais le tout d’une bonne crème fouettée. Me disputer était pour moi impossible. J’avais cette peur irrationnelle que mes mots allaient dépasser ma pensée et que la personne concernée ferait alors définitivement une croix sur « nous ».

A la maison, quand mes parents se disputaient, je dégringolais les escaliers pour leur demander de ne pas divorcer. Lorsque je me disputais avec l’un deux mais surtout ma mère, je glissais sous sa porte de chambre une longue lettre où je me confondais en excuses. Qu’importe d’où venaient les torts, rester dans cette situation m’était insupportable. Je ne pouvais pas dormir tant que je ne savais pas que tout allait « bien ».

Mais finalement, bien des années plus tard, je paie cette auto-censure. Mes parents ont fini par divorcer et moi, je suis incapable de provoquer une dispute pour affirmer mes convictions ou pour faire entendre mes blessures.

Et cette année, bien plus que toutes les autres, je l’ai payé très cher. Garder au chaud ce qui me tracasse, mettre de la distance, m’oublier, faire comme si tout allait bien, ne pas réussir à dormir, en venir à me demander si ce que je pense ou ressens est légitime, voilà ce que j’ai appris à faire, voilà ce qui m’a conduit aujourd’hui à écrire ce billet.

Moi qui pensais que tous ces comportements allaient m’aider à être une bonne amie, à garder ceux que j’aime près de moi, à me sentir acceptée et aimée et à apaiser les conflits en ne les provoquant jamais … Comme j’ai pu être naïve. Au lieu de cela, j’ai perdu l’une des personnes qui m’étaient la plus proche ces 5 dernières années et j’ai complètement perdu confiance en moi, au point de ne plus savoir qui j’étais. Tout ce que je pouvais ressentir me semblait illégitime, faux voire absurde.

Encore aujourd’hui, je commets cette erreur. Malgré tout ce que j’ai pu endurer cette année, malgré tout ce que j’ai pu perdre, je continue à me mettre de côté, à laisser les non-dits s’installer, à prendre sur moi quand on me fait des reproches que je trouve injustifiés.

Pourquoi ? Parce qu’à la seconde où je me dispute, où je dis enfin les choses, j’ai à nouveau 10 ans. Je culpabilise, j’ai mal à la gorge, une boule se forme au creux de mon ventre et je n’arrive plus à dormir.

Et pourtant, pourtant … Je sais qu’il est grand temps que cela cesse. Je sais que cela ne me rend pas service. Ni à moi ni à ceux auxquels je tiens, finalement.

On m’a toujours dit qu’une bonne dispute, une dispute constructive permettait de repartir sur des bonnes bases, à condition évidemment, que les deux parties soient prêtes à admettre leurs torts. Et mes torts, je ne les minimise pas. Ils sont bien là. Seulement, j’ai cette tendance à laisser l’autre me convaincre que tout est de ma faute, que j’ai provoqué tout cela, que je devrais peut-être remettre en question la personne que je suis. Alors je fais le dos rond, j’accumule, j’accumule mais je crains qu’un jour, tout ce poids ne m’écrase. J’ai peur qu’un jour je n’explose et que les conséquences n’en soient que plus désastreuses.

Dire ce que l’on pense, poser les choses, extérioriser, se disputer, parler un peu trop fort, crier, s’emporter, cela ne signifie pas que l’on ne tient pas à quelqu’un ou que l’on est une mauvaise personne. Cela signifie que l’on s’écoute, que l’on se fait confiance, que l’on donne à nos sentiments une voix et qu’on la laisse s’exprimer. Les mots qu’il faut pour les exprimer ne sont peut-être pas agréables à entendre et sont peut-être encore plus difficiles à prononcer, mais ils sont nécessaires à notre existence. La peine, la colère, le manque, la peur, la jalousie sont des sentiments tout aussi légitimes que l’amour, le partage, la bienveillance, la joie, la tendresse. Ils sont juste plus difficiles à avouer. Je ne suis pas parfaite. Nous ne sommes pas parfaits mais nous faisons de notre mieux pour nous sentir exister, pour être en accord avec ce que nous ressentons.

Quand avez-vous parlé vraiment, pour la dernière fois, à quelqu’un à cœur ouvert ? Quand avez-vous vraiment été honnête sans avoir peur des conséquences ? Quand avez-vous fait confiance à ce que vous ressentiez ?

Parce que finalement, si on le ressent, c’est pour une raison, non ?

Quand vous êtes-vous retenu d’envoyer ce message ou cette lettre à ce garçon, à cette fille, à cet(t)e ami(e) par fierté, par ego ou par peur du ridicule ?

Quand vous êtes-vous dit pour la dernière fois « j’aurais dû répondre ça » ? Quand avez-vous serré le poing par colère ou retenu vos larmes parce que vous étiez blessé(e) mais trop fier(e) pour le montrer ?

Quand avez-vous regretté de ne pas vous être levé(e) de votre chaise pour affirmer votre opinion ou dire franchement ce que vous pensiez ?

Quand auriez-vous aimé avoir ce fameux dirty talk ? Ce que j’appelle une conversation où tout ce qui nous tient à cœur sort enfin pour nous soulager d’un poids. Cette conversation que l’on sait déplaisante mais qu’il faut savoir provoquer pour mieux repartir, pour continuer à entretenir avec ceux que l’on aime mais aussi avec tous ceux qui font partie de notre vie une relation honnête et saine mais surtout une relation dans laquelle on ne s’oublie pas.

Une amie m’a dit, cette semaine, si tu n’arrives pas encore à le formuler à haute voix, si tu n’arrives pas à provoquer cette fameuse conversation, alors écris ce que tu ressens. Pose des mots et donne leur de la légitimité. C’est vrai que ça fait un bien fou !

Alors, partant(e) pour un petit dirty talk ?  

 

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