Si cette année, ce n’est pas le Père Noel qui est une ordure, c’est bien cette saleté de virus. Ou les Chinois, cela dépend de comment vous voyez les choses. A la minute où je vous écris, ma maman et mes grands-parents sont en pleine conversation Whatsapp avec ma tante qui vit à Singapour. On fait un état des lieux des derniers mois et on suppose de ce qui adviendra des prochains. Et honnêtement, entre confinement et couvre-feu, variante du COVID-19, fermeture prolongée des bars et des restaurants ou encore des frontières … peu de choses me donnent envie de célébrer la nouvelle année.
Pourtant, je ne sais pas pour vous, mais je célèbrerais bien cette nouvelle année en faisant une grande fête, avec beaucoup de gens, des inconnus à qui je n’ai pas peur de parler, des proches que je prends dans mes bras et que j’embrasse aux derniers coups de minuit. Une fête sans masque, sans distance d’un mètre minimum, sans virus, sans inquiétudes pour l’avenir. Juste de la légèreté, de la musique, des rires, des résolutions qu’on ne tiendra sûrement pas, du champagne, des pieds qui font mal à force de danser, les Démons de minuit, évidemment, pour ceux qui ne me connaissent que trop bien. Une grande fête pour dire « Fuck » à ce virus. Un « Fuck » pour dire :
« Non tu n’auras pas notre liberté de penser »
(Merci Pascal)
« Non tu n’auras pas notre liberté de danser »
« Non tu n’auras pas notre liberté de nous rassembler »
« Non tu n’auras pas notre liberté de découvrir le monde »
« Non tu n’auras pas notre liberté d’aimer »
« Non tu n’auras pas notre vie ».
Est-ce que vous aussi vous comptez les jours ? Non pas ceux qui marqueront cette nouvelle année donc mais bien ceux où l’on nous annoncera enfin qu’aller au restaurant n’est plus interdit, que voyager à l’autre bout du monde n’est plus seulement un rêve, qu’enlacer nos proches ne leur fait plus courir de risque. Ces jours où l’on n’aura plus à rencontrer son prochain date sur une appli de rencontre. Ces jours où l’on pourra retourner applaudir au théâtre et commenter le dernier film sorti au cinéma. Ces jours où nous n’aurons plus à nous faire passer pour des enfants pour respecter la règle des 6 adultes à table. En attendant, nous devons prendre notre mal en patience et savourer chaque moment en famille ou avec nos amis (avant 20h, bien évidemment).
Et le 31 décembre prochain n’y fera pas exception. Des amies, des potins qui retracent cette année, des souvenirs, des photos peu recommandables, des jeux, de la musique, un bon repas. La fête, ce sont elles, ce sont eux, ce sont surtout ces moments qu’on partage, ici ou ailleurs, à minuit ou à midi (merci Joe, décidément je fais honneur à la variété française).
Parce que finalement une année, c’est un peu comme un livre. Un début, une fin, des péripéties, des pages blanches, des pages qu’on ne comprend pas toujours et qu’on prend soin de relire, des rires, des pleurs, des personnages auxquels on s’attache, d’autres que l’on quitte … Et qu’importe la dernière page, l’histoire de cette année passée est écrite. La dernière page, c’est un peu le dernier souvenir qu’on gardera de cette année. Et à peine l’année se termine-t-elle qu’il est déjà temps d’ouvrir un nouveau livre, d’écrire un nouveau chapitre.
Que voulez-vous, je ne peux pas m’empêcher d’y glisser un peu de philosophie. Et bien sûr, comme chaque année, le décompte des derniers jours me rappelle le temps qui passe. Malgré ces mois de confinement, cette année est encore passée si vite. L’idée de ce magazine est née pendant le premier confinement et a vu le jour presque à la veille du deuxième. Chaque année apporte son lot de bonnes et de mauvaises surprises. Et il y a toujours du bon et du moins bon qui en ressort. Des apprentissages. Bref, je vous la fais courte. Chaque année, c’est un peu de nous qui se construit. Avec ou sans virus.
Je lis en ce moment un livre aussi intéressant que déroutant. Rien pour demain, une œuvre entre fiction et réalité de Bruno Remaury, construit sur le même modèle que son premier livre sorti en 2019, Monde horizontal. Dans Rien pour demain, il s’agit de mettre en lumière une évolution de notre société – ici, le rapport au temps – grâce à des exemples tirés de l’histoire, de la mythologie, de l’art, de la littérature ou de la science..
« Rien pour demain, rien pour hier, tout pour aujourd’hui », disaient les dadaïstes.
Alors peut-être que cette année, pour une fois, il ne sera pas question de regarder en arrière sur cette année écoulée, ni de penser à demain, au confinement, et à tous ces projets qui ne verront peut-être pas le jour mais simplement à l’instant présent. Aujourd’hui et maintenant. A la chance d’être là, tout simplement et laisser chaque jour nous surprendre.
Un peu compliqué, non ? Ne pas penser à demain ? Ne pas trop anticiper ou prévoir ? Ne pas espérer un retour à la normale d’ici mars ? Que dites-vous ? Juin ? Oh, je devrais avoir un peu de place dans mes résolutions de 2021 pour y noter celles-ci. Dans le pire des cas, cela ne sera qu’une résolution de plus que je ne tiendrai pas.
Ceci étant le dernier billet de cette année, je vous souhaite, comme on dit chez nous dans le sud, un très bon bout d’an !
PS : pour partager quelques réflexions philosophiques dès le matin, je vous invite à lire les petits billets du compte @philosophyissexy