Les petits billets

Next, Swipe, Scroll !

amour

« En même temps comment tu veux que je puisse construire quelque chose avec quelqu’un qui mange encore des céréales le matin ? J’ai besoin d’une femme ».

Post du 18.11.2020, @tejpartexto

J’ai ri, j’ai bien failli m’étouffer en mangeant mes céréales puis je l’ai envoyé à une amie, qui mange, elle aussi des céréales, tous les matins. Et finalement je me suis dit, OK, si le monde part en couilles, ce n’est pas à cause du COVID mais bien parce qu’aujourd’hui manger des céréales est devenu un motif de rupture.

Je ne sais pas pour vous mais trouver l’amour, c’est devenu un vrai casse-tête. Je suis persuadée, qu’en 2020, on a moins de chance de trouver l’amour que de trouver un job, même au vu du contexte actuel. Il faut dire qu’avec cette histoire de COVID, les opportunités pour rencontrer quelqu’un sont vraiment limitées. Plus de soirées bars ou boites, plus de rencontres chez l’épicier du coin ou au bureau, plus de diners chez les amis mais surtout chez les amis d’amis. Bah oui, j’imagine que cela vous arrive souvent d’entendre « Alors comment on s’est rencontrés ? Oh, tout bête, des amis d’amis ».

Pourtant, je me pose quand même une question. Est-ce que le COVID y est vraiment pour quelque chose ? Est-ce que, demain, quand tout sera fini, quand le confinement ne sera plus qu’un lointain souvenir, nous trouverons comme par magie l’amour ? Nous attendra-t-il bien sagement au coin de la rue ?

Je repense au conseil que nous donne nos parents ou nos proches pour nous rassurer quand on commence à s’installer doucement mais sûrement dans le célibat, « l’amour, tu sais, ça ne se cherche pas, ça te tombe dessus quand tu t’y attends le moins ». Ce à quoi je réponds « D’accord, soit, mais quand ? ». Parce qu’évidemment, moins tu essaies d’y penser et de t’y attendre, plus tu y penses et plus tu l’attends. Et puis, je suis comme ça, j’ai besoin d’une échéance pour savoir combien de temps je suis censée attendre mais sans vraiment m’y attendre non plus, parce que sinon ça ne marche pas. Oui, parce qu’en plus d’être control freak, je suis aussi superstitieuse.

Il faut le reconnaître, l’esprit humain (enfin, surtout le mien) est assez tordu.

Alors oui, pour les plus impatients, il y a les applis. Tinder, Meetic, Adoptunmec, Once, IceBreaker, Happn, Bumble, Grindr, Hornet … il y en a pour tous les goûts. De l’appli où se sont les femmes qui font le premier pas à l’appli où tu retrouves tous ceux déjà croisés dans la rue… Normalement tout le monde peut y trouver son bonheur. Même les plus healthy d’entre nous ont droit à leurs 5 fruits et légumes par jour avec l’appli « Fruitz ». Pour vous expliquer un peu le principe, chaque fruit représente une envie.

  • Cerise: Pour trouver sa moitié
  • Raisin: Pour un verre de vin sans se prendre la grappe
  • Pastèque: Pour des câlins récurrents sans pépins
  • Pêche: Pour une envie de pêcher avec toi

Sérieusement ? C’est ça, trouver l’amour ? Tentez d’expliquer à votre grand-mère comment on trouve notre moitié ou plutôt notre cerise aujourd’hui. J’ai essayé, elle avait l’air désespérée.

Mais revenons au principe de l’appli.

C’est alors le moment où tu scrolles, tu next, beaucoup. Trouver un « match » devient plus périlleux que de trouver un bon film sur Netflix. Et puis tu te dis « oh, pourquoi pas lui/elle » et tu swipes enfin à droite. Mais tu n’engages pas la conversation, tu attends que ce soit lui/elle qui fasse le premier pas. Cela peut durer longtemps comme ça. Au bout de quelques jours, tu te décides à envoyer quelque chose « Et puis merde, on ne va jamais y arriver ». Et là, c’est la cata. Tu ne sais pas par quoi commencer … Un « ça va ? » amené comme un cheveu sur la soupe, c’est bof, non ? Un « Tu fais quoi dans la vie ? », c’est chiant, non ? Alors tu réfléchis, tu creuses le sujet, tu cherches l’originalité, tu parcours son profil à la recherche d’un indice, de LA bonne idée. Et puis tu ne sais pas pourquoi ni comment mais tu as finalement envoyé « Hello ! Tu vas bien ? Alors comme ça, tu es chef de projet dans une start-up ? ». Oui, merci, c’est écrit. Il ne se passe rien. Pas de réponse. Un jour, deux jours, cela paraît interminable. Jusqu’à ce que … « Romain vous a envoyé un message ». « Oui, c’est ça. Et toi ? Tu es plutôt levrette ou plutôt anal ? ». Et là, tout s’effondre. Énervée et franchement déçue, tu supprimes l’appli et tu te promets que c’était la dernière fois. A partir de maintenant, l’amour, tu vas bien attendre qu’il te tombe dessus.

Bref, merci, mais les applis, très peu pour moi. Pour les autres, pourquoi pas ! Tout est possible, tout est réalisable, dixit Chevallier et Laspalès.

J’y ai donc réfléchi. Pourquoi est-ce que plus on a le choix, moins on trouve ? Et bien après 5 bonnes années de thérapie, de conversations entre célibataires (endurcies) et transgénérationnelles et de lectures approfondies sur le sujet (merci Madame Figaro), je pense que la réponse se trouve tout simplement dans la question et qu’encore une fois, l’esprit humain est bien tordu.

En effet, plus nous avons le choix, plus nous sommes difficiles et plus nous devenons sélectifs. La maman d’une amie m’a récemment dit « En même temps c’est vrai que soit tu rencontres la personne assez jeune et tu grandis avec elle, soit tu grandis, tu affines tes critères, parce que tu sais ce que tu veux et ce que tu ne veux plus, et donc tu n’arrives plus à trouver ». Tu finis alors comme Bridget Jones, à chanter « All by Myself » de Céline Dion, le jour de tes 30 ans. 

C’est vrai qu’à une époque (je parle évidemment de celle de nos grands-parents voire même encore de nos parents), l’amour se trouvait dans un cercle assez restreint. On ne parcourait pas des milliers de kms pour trouver la femme ou l’homme de notre vie. On prenait ce qui venait, point. Bon, j’exagère un peu mais l’idée y est. A l’époque, si on craquait pour quelqu’un, on se battait un peu. On ne se disait pas que le mec ou la meuf était facilement interchangeable si il ou elle ne cédait pas à nos avances rapidement.

Aujourd’hui, séduire quelqu’un relève de codes dont je peine encore à comprendre les tenants et les aboutissants. « Attends, il te plait donc tu ne lui parles pas, c’est bien ça ? Et surtout, si tu lui parles, tu ne lui dis jamais qu’il te plait, c’est bien ça aussi ? ». Séduire quelqu’un et aboutir à quelque chose de relativement engageant est devenu plus compliqué que de trouver la dernière Playstation 5 le jour de sa sortie sur le marché. Et pourtant, d’après ce que j’ai compris, c’est vraiment une galère. Il faut savoir ruser et élaborer des stratégies bien trop complexes. Bon, vous me direz, c’est un peu l’intérêt du jeu de séduction. Et la séduction, cela ne date pas d’hier. Mais alors qu’est-ce qui a vraiment changé ? Peut-être l’envie de s’engager ? Ou justement celle de ne plus s’engager ? 

Trouver l’amour, en fait, c’est tout une question de timing !

Bref, tout cela pour vous dire que l’amour, il ne se scrolle pas, il ne se swipe pas, apparemment il ne se cherche pas non plus mais il vous tombe dessus quand vous vous y attendez le moins (si cela peut aider à tenir le temps du confinement). Et pour la suite, je ne sais pas, c’est un peu chacun à sa façon  mais ce que je sais, c’est qu’on peut être une femme (ou un homme, d’ailleurs, ça marche aussi), être en couple et continuer à manger des céréales.

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